Je vous ai parlé dernièrement des 3 grands types de fatigue chronique, parmi lesquelles la fatigue chronique idiopathique, ou fonctionnelle, qui est une des plus répandues mais aussi ignorée de la médecine de ville. Vous êtes-vous reconnu dans cette forme d’épuisement et les symptômes associés ? Si c’est le cas, voici un point sur les principales causes de cette forme de fatigue.
La fatigue chronique : un épuisement global multifactoriel
La première chose à comprendre est que la fatigue chronique est toujours multifactorielle et multidimensionnelle. Elle comprend ainsi toujours :
- une composante psychique
- des composantes physiologiques
C’est aussi ce qui fait sa difficulté de prise en charge aujourd’hui par la médecine conventionnelle, peu habituée à travailler de manière holistique et préventive, mais au contraire ayant souvent une vision « par symptôme » ou « par organe » et plus à la recherche d’une maladie que d’un équilibre complet du corps.
La fatigue chronique indique donc un état d’épuisement général de votre corps/esprit, c’est un vrai signal que celui-ci vous envoie pour que vous changiez des choses dans votre vie.
Si vous êtes épuisé(e), c’est donc une remise en cause globale de votre vie qui vous attend.
Les causes physiologiques ou réactionnelles à l’environnement
Parmi les causes physiologiques ou environnementales de la fatigue chronique, on retrouve principalement :
- le manque de sommeil
- le stress et le surmenage
- les surcharges alimentaires, le surpoids et l’obésité
- les carences alimentaires et hydriques
- les perturbations hormonales
- les troubles intestinaux
- la sédentarité ou le surentraînement
- la carence en fer ou l’anémie
- la iatrogénie ou intoxication
Je vais maintenant vous les détailler un peu plus :
Le manque de sommeil
Cela peut paraître évident, mais le sommeil le manque de sommeil est une cause cruciale de fatigue chronique.
En effet, le sommeil permet le repos du corps, tant physique que mental : la nuit, le corps se régénère, se débarrasse de ses toxines, et se répare concrètement. Par ailleurs, il produit certaines hormones régulatrices de l’appétit, qui peuvent avoir un impact sur la prise alimentaire et donc aussi sur la fatigue.
Or aujourd’hui, les français dorment 1h30 de moins par nuit qu’il y a 50 ans1 ! Le temps de sommeil moyen est ainsi de 6h42 en semaine contre une recommandation minimum de 7h30 à 8h par nuit. Autant dire que sur le long terme, cette énorme dette de sommeil peut largement être la cause d’un épuisement.
Pour autant, beaucoup de personnes se plaignant de fatigue chronique continuent d’ignorer (plus ou moins consciemment) leurs besoins de sommeil.
Les raisons de manquer de sommeil sont :
- insuffisance du temps consacré au sommeil, que ce soit subi (réveil des enfants, décalages horaires répétés, travail posté) ou par choix / (mauvaise) habitude.
Il s’agit malheureusement souvent de mauvais choix liés à notre mode de vie hyperconnecté et stressant aujourd’hui, où l’on favorise des activités tardives (smartphone, internet etc) à notre repos. - Environnement : Bruit (circulation, ronflements du partenaire, voisins…), lumière, mauvaise literie
- troubles du sommeil : insomnies, sommeil non récupérateur (jambes sans repos, ronflements, apnée du sommeil…)…
Il est à noter qu’une fatigue trop importante (manque de sommeil et manque de repos en journée) peut dégrader fortement la qualité du sommeil nocturne (endormissement, profondeur du sommeil), ce qui est là aussi créateur de cercle vicieux délétère.
Le stress et le surmenage
Le stress chronique est aussi une cause majeure de fatigue, pour deux raisons principales : d’abord, il est la première cause de troubles du sommeil, mais surtout, le mécanisme physiologique du stress, répété de manière quotidienne, épuise littéralement notre système hormonal régulateur (d’abord les glandes surrénales, puis la thyroïde, etc). C’est typiquement le mécanisme du burn-out.
Une fois nos surrénales épuisées, notre corps ne produit plus assez de cortisol (hormone de l’éveil), de neuromédiateurs comme la dopamine (hormone de l’envie et la motivation) ou la sérotonine (hormone du bien-être). Ce qui explique une fatigue ressentie à la fois physique et psychique.
Par ailleurs le stress entraîne une fuite majeure de magnésium, et le déficit en magnésium augmente la sensibilité du corps au stress (cercle vicieux). Or le magnésium est un élément indispensable à la production d’énergie par nos cellules et à plus de 300 réactions chimiques dans notre organisme, qui sont donc mises à mal. Cette carence explique entre autres les troubles musculaires ressentis dans la fatigue chronique.
Les sources de stress sont multiples et bien plus nombreuses qu’on ne l’imagine parfois. Ce n’est en effet pas simplement le fait d’avoir un travail stressant et un chef qui met la pression. On peut ainsi citer (liste largement non exhaustive) :
- Manque de repos, non respect des rythmes biologiques, rythme effréné
- « Porter un masque » en permanence en n’étant pas réellement soi-même
- Sacrifier sa vie personnelle pour sa famille, son mari, ses enfants
- Sédentarité ou excès de sport
- Alimentation déséquilibrée
- Changements du quotidien (déménagement, nouveau travail, etc)
- Difficultés professionnelles, licenciement
- Surcharge de travail
- Surcharge mentale ou parentale
- Problèmes familiaux ou conflits entre amis
- Problèmes financiers
- Changements hormonaux (puberté, ménopause…)
- Problèmes de santé (cancer…)
- Décès d’un être cher
- etc
Vous ne vous pensiez pas stressé(e) ? Vous voyez à la lecture de cette liste que votre corps, lui, subit certainement un stress chronique important.
Les surcharges alimentaires, le surpoids et l’obésité
Les excès alimentaires sont sources de fatigue :
L’excès de sucres fatigue en créant des hypoglycémies réactionnelles, et en inhibant les neurotransmetteurs de l’éveil (orexine). Il peut par ailleurs entraîner une prolifération intestinale de Candida albicans, levure qui, quand elle devient envahissante, bloque notre cycle de production énergétique.
Le simple fait de grignoter beaucoup en dehors des repas peut fatiguer car la digestion utilise de l’énergie. Enfin, une alimentation acidifiante entraîne inflammation et fatigue.
Les carences alimentaires et hydriques
Commençons par l’hydratation tout d’abord : ne pas apporter suffisamment d’eau à son corps (que ce soit sous forme liquide ou au travers des aliments) augmente la fatigue. Il est donc important de s’hydrater suffisamment.
Du côté des carences alimentaires, le sujet est très vaste, et complexe. Mais ce qu’il faut comprendre, c’est que la fatigue physique est expliquée par une carence de production énergétique dans notre corps. Or, celle-ci a besoin de glucides, mais aussi de nombreux micronutriments « cofacteurs » de la réaction qui produit notre énergie (ATP). Minéraux, oligo-éléments, vitamines, acides gras, etc en font partie.
On parlera notamment (liste non exhaustive) de :
- magnésium (carence majeure en France),
- fer (carence très fréquente chez les femmes menstruées notamment),
- vitamines du groupe B (notamment B6, B9, B12…)
- vitamine D
- omega 3
- sélénium
- zinc
- iode
Ces micronutriments sont essentiels notamment :
- à la fabrication de l’ATP (énergie utilisable par les cellules),
- au métabolisme énergétique (fonctionnement thyroïdien entre autre),
- à la fabrication des neurotransmetteurs,
- à la lutte contre le stress oxydatif…
Pourquoi sommes-nous carencés ? Là aussi, les raisons sont multiples ! Voici les principales :
- Alimentation déséquilibrée : régime d’exclusion comme le végétalisme, ou alimentation manquant de vitalité, trop acidifiante…
- Mauvaise assimilation : troubles digestifs, déséquilibre du microbiote
- Trop de dépenses : pertes de fer liée aux règles, pertes de magnésium liées au stress, etc
- Statut physiologique particulier : grossesse, grand âge…
- Prise de substances chélatrices (captatrices) : pilule, tabac, alcool, tanins… : la pilule est notamment un facteur majeur de déficits
- Appauvrissement des produits agricoles (Fruits & légumes, céréales…) : l’agriculture intensive et surtout la sélection variétale associée a très nettement appauvri les produits végétaux ces 50 dernières années.
C’est pourquoi, même avec une alimentation idéale, il est difficile de répondre à tous les besoins de notre corps, surtout dans le monde actuel qui nous oblige à beaucoup plus « tirer sur la corde » si nous ne faisons pas attention.
Un naturopathe ou micronutritionniste pourra vous aider à identifier vos déficits et carences et vous aider à les combler sur le long terme.
Les perturbations hormonales
Nous avons déjà vu plus haut qu’un épuisement surrénalien peut être cause de fatigue. D’autres débalancements hormonaux comme la ménopause, le début de grossesse, etc, peuvent être cause de fatigue.
Mais la principale cause de fatigue est l’hypothyroïdie. En effet, les hormones thyroïdiennes interviennent dans le métabolisme énergétique de l’organisme, c’est pourquoi en cas d’hypothyroïdie, la production d’énergie diminue, et une grande fatigue est ressentie.
L’hypothyroïdie peut être « réelle », visible aux analyses, et donc diagnostiquée et traitée par le médecin. Mais elle peut aussi être légère (hypothyroïdie fruste, ou simplement ralentissement thyroïdien non détectable aux analyses biologiques habituelles). Celle-ci est particulièrement répandue (notamment à cause du stress et de la fatigue surrénale vus juste au-dessus) et totalement ignorée de la plupart des médecins.
Votre naturopathe pourra vous aider à détecter les signes d’un ralentissement thyroïdien. Au travers d’un questionnaire mettant en évidence d’un côté les symptômes cliniques que vous ressentez, et les causes d’hypothyroïdie que vous « cochez », il pourra ensuite vous aider à soutenir naturellement votre fonction thyroïdienne.
Les troubles intestinaux
Différents mécanismes font que les troubles intestinaux peuvent être cause de fatigue :
- Un simple repas trop copieux le soir est très souvent suivi d’une mauvaise nuit : d’une part le travail digestif maintient l’organisme en éveil, et d’autre part il peut y avoir des symptômes perturbant le sommeil (douleurs, reflux acides, ballonnements, gaz…).
- D’autres troubles digestifs peuvent perturber le sommeil en raison des symptômes comme des douleurs ou des reflux acides : RGO, acidité gastrique, aérophagie, ulcère gastro intestinal, etc.
- Enfin, certains troubles entraînent une malabsorption des vitamines et minéraux, entraînant des carences micronutritionnelles : la maladie cœliaque, le syndrome de l’intestin irritable, les MICI comme la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique.
Mais plus généralement, la santé intestinale est au cœur de la santé globale. Une membrane intestinale enflammée et trop perméable, un microbiote perturbé et un mucus insuffisant ou de mauvaise qualité sont autant de raison de causer de la fatigue. Ils sont créateurs d’inflammation chronique du corps, d’une immunité déficiente (et donc infections qui fatiguent), d’une carence en neuromédiateurs (produits en grande partie dans l’intestin), etc.
Le rôle du naturopathe passe notamment par l’évaluation de votre sphère intestinale et le soutien de celle-ci passe en priorité dans la prise en charge d’une fatigue chronique.
La carence en fer ou l’anémie
Il est connu que la fatigue est le symptôme le plus important en cas d’anémie, auquel cas le médecin la diagnostique et la soigne.
Ce qui est moins connu, c’est qu’un déficit en fer peut également causer de la fatigue, même en l’absence d’anémie. Le fer intervient en effet dans différentes fonctions vitales majeures :
- il est indispensable à la fabrication de l’hémoglobine, chargée du transport de l’oxygène dans tout
l’organisme (d’où l’anémie en cas de manque) - Il est indispensable à la formation des hormones thyroïdiennes et à leur utilisation
- Il intervient dans la chaîne de production d’ATP (énergie), son déficit entraîne donc un déficit de production énergétique
- il intervient dans bon fonctionnement du système immunitaire
- Il intervient dans le bon fonctionnement hépatique
- il compose de nombreuses enzymes
- il intervient dans la croissance des tissus
- c’est un antioxydant important,
- etc
Selon la Revue Médicale Suisse2, « Il a été démontré […] qu’une substitution ferrique chez les femmes présentant une ferritinémie inférieure à 50ng/mL, mais sans anémie, permettait de réduire significativement leur fatigue ».
Or, en France les normes des laboratoires considèrent souvent qu’au-dessus de 20ng/mL, le taux de fer est normal. En fait, si ce taux évite l’anémie, il ne suffit pas du tout à combler les besoins en fer pour toutes les autres fonctions (thyroïdienne, antioxydante, etc.).
La sédentarité ou le surentraînement
Surentraînement physique
Lorsqu’un sportif effectue une phase intense d’entraînement, par exemple en préparation d’une compétition, il est logique qu’il ressente une certaine fatigue, qui disparait normalement en quelques jours.
Toutefois, il arrive que cette fatigue dure dans le temps et qu’elle se double d’autres symptômes : démotivation, infections des voies aériennes supérieures, troubles du sommeil, instabilité de l’humeur. Des signes clairs du syndrome de surentraînement, qui peut toucher selon la Revue Médicale Suisse3 jusqu’à deux tiers des athlètes durant leur carrière.
La principale cause en est l’excès d’entraînement par rapport au temps de récupération. Si le sportif ne s’écoute pas, cette fatigue peut s’installer dans le temps et devenir chronique, et il peut être difficile d’en sortir.
Déconditionnement musculaire lié à la sédentarité
Au contraire du surentraînement, un manque d’activité physique ou un mode de vie trop sédentaire est corrélé à plus de fatigue chronique4.
L’exercice physique est source d’endorphines, qui donnent de la vitalité, tandis que la sédentarité entraîne
de la fatigue, puis c’est un cercle vicieux : la fatigue vous décourage de pratiquer une activité physique, ce qui renforce la sensation de fatigue.
Par ailleurs, une sédentarité trop forte entraîne une fonte musculaire et une augmentation de la fatigabilité au moindre effort, là encore n’encourageant pas la reprise d’activité.
De nombreuses personnes ayant un travail sédentaire ne pratiquent pas suffisamment d’activité physique
en dehors, et tombent ainsi peu à peu dans ce cercle vicieux. Il est vraiment indispensable de bouger au
quotidien.
La iatrogénie ou intoxication
La présence de toxines et toxiques dans notre corps est aujourd’hui bien trop importante, ce qui fait que notre foie n’arrive pas à tout éliminer et notre organisme est en surcharge. Cela peut souvent causer la fatigue. On pourra décrire plusieurs catégories de toxiques :
- Les additifs alimentaires présents dans les aliments ultra-transformés ou « fake foods » : ces additifs perturbent notre microbiote et créent de l’inflammation. Par ailleurs ces aliments n’apportent pas de vitalité à l’organisme. Consommés trop fréquemment, ils sont donc cause de carences.
- Les médicaments : de nombreux traitements médicamenteux ont comme effets secondaires de la fatigue (voire de l’épuisement), à commencer par les statines, les antihypertenseurs, la plupart des anxiolytiques et antidépresseurs, les antihypertenseurs, les antihistaminiques, bien entendu tous les traitements lourds des cancers, et nombreux autres encore. C’est pourquoi il est toujours très important de privilégier, quand c’est possible, un accompagnement naturel aux maladies (prévention par l’hygiène de vie principalement) pour essayer d’éviter la prise de médicaments. Quand ils sont indispensables, il est important de regarder de près leurs interactions pour éviter les effets les plus indésirables.
- La consommation de stupéfiants ou d’alcool : par différents mécanismes (impact sur le stress, sur le sommeil, sur les carences nutritrionnelles, effets neurologiques directs, poisons mitochondriaux…) ceux-ci sont créateurs de fatigue.
- Les métaux lourds : la plupart des métaux lourds sont de réels poisons mitochondriaux, comme le mercure, le cadmium ou le cuivre. Ils impactent donc directement la production d’énergie par les cellules. Or l’étude Esteban (Santé publique France) a prouvé à quel point la population française était atteinte par cette intoxication.
Là encore, votre naturopathe pourra vous aider à y voir plus clair concernant vos sources d’intoxication et pourra vous aider à les éliminer. Une cure de détoxification pourra vous être proposée si votre vitalité le permet (des moyens plus doux sinon) afin d’aider l’élimination de ces toxiques.
Les causes psychiques
La dépression est une cause majeure de fatigue, et par ailleurs elle entraîne elle aussi un cercle vicieux dont il est difficile de sortir. C’est pourquoi une dépression devra toujours être accompagnée médicalement.
Toutefois, sans aller jusqu’à la dépression, de nombreuses causes psychologiques ou émotionnelles peuvent prédominer dans la fatigue.
- le fait de ne pas avoir réalisé vos rêves,
- avoir un travail qui ne vous plaît pas, vide de sens, avec lequel vous ne vous sentez pas aligné
- une exigence trop forte vis à de vous-même,
- une baisse de moral liée à la ménopause, le départ des enfants, un deuil ou une séparation,
- etc.
Malheureusement aujourd’hui la confusion est souvent trop importante entre fatigue chronique et dépression : l’épuisement pouvant causer la dépression (ou a minima une déprime), les personnes sont souvent cataloguées « dépressives », et rien d’autre que des anti-dépresseurs ne leur est proposé. Cela omet dont tout le reste des aspect cités au-dessus.
Conclusion : seule une approche holistique permet d’accompagner le retour à la vitalité
Vous le voyez et je vous le redis, les causes de fatigue sont multiples et intriquées, et il est probable que vous vous soyiez reconnu(e) dans plusieurs d’entre elles. Pour d’autres (comme l’hypothyroïdie), peut-être ne savez-vous pas répondre ?
La fatigue chronique est donc un sujet complexe et en sortir nécessite un accompagnement sur le long terme, et seuls des changements en profondeur peuvent durablement rétablir la vitalité sur le long terme.
La naturopathie, de par sa vision holistique, est particulièrement appropriée pour accompagner cette affection.
Si vous souhaitez être accompagné(e) pour en finir avec la fatigue, je vous propose un « accompagnement fatigue chronique » spécialement pensé pour améliorer l’efficacité de la prise en charge, à la rubrique « forfaits et coachings ».
Sources :
- Etude de Santé Publique France (2017) sur le sommeil
- Fatigue : revue et approche diagnostique – Rev Med Suisse 2006;2:2725-2731
- Fatigue et réduction de la performance motrice chez le sportif, syndrome de surentraînement – Rev Med Suisse 2014; 10 : 962-965
- Inactivity Linked to Chronic Fatigue Syndrome